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Le projet

L’intention

Entre janvier 2020 et octobre 2022, LN Le Cheviller a dessiné et collecté des cailloux en hommage à Aristides de Sousa Mendes, Juste parmi les nations, qui en juin 1940 sauva plus de 30 000 personnes au péril de sa vie.

A quel moment et comment surgit cet élan qui place l’autre avant soi-même ?
De quelle force intérieure se nourrit l’engagement ?
Quelles urgences amènent à la quête d’un refuge ?
Comment dialoguent solidarité civile et justice d’Etat?

En se plongeant dans ce passé, elle souhaitait éclairer les enjeux de son présent, donner à son geste artistique l’opiniâtreté de l’action, partager avec d’autres une réflexion sur le rôle de chacun dans sa communauté, avec l’art et la parole en passerelle.

Aristides de Sousa Mendes

Qui était Aristides de Sousa Mendes ?

Aristides de Sousa Mendes était consul du Portugal à Bordeaux lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale.
Durant neuf jours, du 17 au 25 juin 1940, à Bordeaux, Bayonne et Hendaye, il va désobéir à son gouvernement et délivrer plus de trente mille visas illégaux, assurant le passage de la frontière espagnole à des dizaines de milliers de réfugiés dont la seule chance de survie était de quitter la France.

Aristocrate, diplomate de carrière, aisé financièrement, catholique fervent et père de nombreux enfants, il savait qu’en s’engageant brutalement dans le sauvetage de ces milliers de personnes, il risquait pour sa famille et lui-même le déclassement, l’errance et la misère.

Son acte de désobéissance vis à vis de son pays lui vaudra d’être démis de ses fonctions et privé de ses ressources. Il mourra en 1954, dans la plus grande pauvreté, loin de ses enfants.

Il sera distingué en 1966 du titre de “Juste parmi les Nations” pour le sauvetage de 10000 juifs. Finalement réhabilité au Portugal en 1986, il est entré au panthéon portugais en octobre 2021.

La collecte

Qu’est-ce qu’une vie à l’échelle de l’Humanité ?
Qu’est-ce qu’un caillou à l’échelle de la Terre ?
L’ordinaire le plus banal et la singularité extrême.

Le projet d’LN Le Cheviller a d’abord consisté à rassembler 30 000 représentations de cailloux en écho aux 30 000 signatures qu’Aristides de Sousa Mendes apposa sur autant de visas.
Une action au long cours qui aura duré 33 mois, ancrée dans sa vie quotidienne.

Elle s’est inspirée de la tradition juive qui consiste à poser un caillou sur la tombe d’une personne dont on veut honorer le souvenir. Le caillou, c’est aussi la métaphore de la Terre entière. Par la minéralité, revenir à l’essentiel, au sol qui nous porte, aux mémoires qui nous fondent.

En choisissant de consacrer du temps à cette action tous les jours pendant quelques années, elle voulait, par un geste ordinaire, se confronter aux grandes forces qui lient l’humanité.

Elle souhaitait également associer le public à ce geste par le biais d’ateliers. Faire groupe, dans le plaisir du faire ensemble, et amener, dans la simplicité, à se confronter héroïnes et héros du passé et actions du présent. Dessiner, échanger. Des moments où se sont mêlés l’abandon de la main sur le papier et l’intensité de la pensée, les conversations spontanées et les témoignages inattendus.

En accueillant chaque dessin sans hiérarchie et sans sélection, en choisissant de les montrer à travers un dispositif multimédia et interactif, elle cherche désormais à ouvrir la vision, à faire distinguer chaque élément de la multitude et à accentuer le rôle de la parole par les échanges et les rencontres.

“On pourrait comparer l’empathie à une qualité de regard”
Par ce geste, nourri de ses travaux précédents sur les conflits et leurs victimes, elle réaffirme sa place d’artiste dans notre société.

Ces dessins de cailloux sont l’écho des signatures du Consul à huit décennies d’intervalle. Tout en étant chacun le geste unique d’un dessinateur, ils traduisent la masse des réfugiés anonymes et la singularité de chaque individu. Ils forment une collection de réflexions et d’émotions, où les réminiscences du passé se mêlent aux reflets du présent. Du trait appliqué des anciens à la gestuelle colorée des mains d’enfants, chacun d’eux nous touche.

 

Le dispositif multimédia

Il veut replonger le spectateur tant dans les moments de création des 30 000 dessins que dans le temps de l’action du consul.
S’inscrivant à la fois dans le temps et dans l’espace, ce dispositif se déploie par cycles de trois journées (durée pendant laquelle, d’après le témoignage du rabbin Haïm Kruger, le consul délivra ses visas à Bordeaux) invitant le visiteur à s’immerger dans cette œuvre au long cours.

Fonctionnant du lever au coucher du soleil, une performance vidéo, d’une durée de 3 jours projette en un défilé ininterrompu les 30 000 dessins à fréquence régulière. Elle permet au public de ressentir à la fois l’urgence dans laquelle le consul a dû signer ces documents et l’ampleur de son action.

Un film d’animation réalisé à partir de dessins choisis permet aux visiteurs de découvrir l’histoire du consul à travers ce projet. Le rythme des images, des paroles, de la musique et des sons, traduit singularité et répétition, urgence et fatigue, accumulation et effervescence.

Présentant l’intégralité des productions visuelles et sonores, l’interface numérique permet à chacun de devenir acteur de cette création interactive : rechercher des images par thème, couleur, partir à la recherche de son propre dessin, offrir un nouveau caillou, livrer un témoignage…

Disponible au sein du dispositif mais aussi en ligne sous forme de site internet, cette interface est le moyen d’entretenir un lien permanent entre cette histoire et ceux qui la découvrent.

A chaque nouvelle mise en place, une sélection de dessins sur papier est tirée au sort pour être exposée, traduisant «le destin» de ceux qui ont pu être sauvés.

De plus, le dispositif s’enrichit d’ateliers, rencontres et conférences autour des notions d’humanisme, de désobéissance, de courage, de migrations, de solidarité.

Il a déjà été présenté à la Collégiale de Ribérac en juin 2023.

Chiffres, lieux, dates

Parmi les 30000 cailloux dessinés, certains ont été envoyés par le biais des réseaux sociaux, d’autres ont été réalisés par des centaines d’anonymes lors d’une cinquantaine d’ateliers, d’une durée allant d’une heure à une journée.

2020 : Ateliers sauvages à Bordeaux, Bayonne et Hendaye pour l’anniversaire des 80 ans de l’action du consul. Ateliers rencontres aux Vivres de l’art à Bordeaux, au Grand Jeu (16), pour Pierres, Vignes et Arts, organisé par Chabram2 à Touzac (16) et lors du festival ZOU! au Hameau de la Brousse (16)

2021 : Exposition à l’Espace d’art contemporain Captures, Royan, ateliers aux Carmes à La Rochefoucauld, au château de Saint-Auvent, au consulat général du Portugal à Bordeaux, dans les festivals « Art en cages » à Angoulême, “Festival au village” à Brioux-sur-Boutonne, Arts actuels Ré-Oléron, ZOU!, hommage à la déportation et à la résistance de Chazelles, écoles de Dignac, Saint-Martin-de-Ré, Lagraulière, etc.

2022 : Béta, Angoulême, pour le festival International de la Bande dessinée, Les Sarabandes, Rouillac, L’art dans les jardins, Bonnes, Lycée Marguerite de Valois, la Rochefoucauld, ZOU!, consulat général du Portugal à Bordeaux.

exposition espace art contemporain Royan   Atelier Sarabandes 2022

L’équipe du projet

Conception projet, dessin, collecte : LN Le Cheviller,

interviews, création sonore : Estelle Coquin,

réalisation dispositif : Estelle Coquin, Corsaires Studio, Stéphanie Gilles, Pierre Grangé Praderas, Manuel Jouglet Marcus, LN Le Cheviller, Anaël Seghezzi

Pour la création sonore, Estelle Coquin

Musicienne, auteure et créatrice sonore, Estelle Coquin nous raconte le monde à sa façon, à travers des créations toujours poétiques, parfois politiques ou philosophiques.

Elle compose et conçoit de nombreuses musiques, bandes-son et dispositifs sonores pour le spectacle vivant (Cie Le chat perplexe, Cie Les cailloux sauvages, Ezika, Les compagnons de Pierre Ménard…)

Initiatrice de Radio Perplexe et du collectif Les Ethnophonistes, elle mène depuis 2012 un travail de création radiophonique en lien avec des territoires à travers des projets de création participative avec des habitants : Radio perplexe au festival de La Luzège (Corrèze), Portrait sonore de la ville de Bourganeuf (Creuse), La grande estafette à Neufchatel (Seine-maritime), Le mystère du COTEAC avec la Communauté de Communes Montesquieu (Gironde)…

Co-fondatrice de l’Atelier SONAR[T], elle développe aujourd’hui son travail en direction de l’art et du patrimoine avec la création d’audio-guides artistiques et la mise en sons d’espaces d’exposition ou de lieux de visite.

l’Atelier SONAR[T]

Soundcloud d’Estelle Coquin

Le parcours artistique d’LN Le Cheviller

Après des études à l’Ecole Estienne et aux Beaux-Arts de Paris, j’ai développé ma pratique par les moyens de la peinture, de la gravure, de la photographie et de l’installation plastique. J’ai aussi beaucoup appris dans les champs artistiques et politiques en montant et animant des projets culturels.

Mon travail artistique est un autoportrait conçu comme un puzzle. Mon reflet et mon double. Sa variété exprime tous mes états d’esprit, traversés par les événements de la vie quotidienne et du monde. Il forme des lignes, des cycles, des nœuds, à l’image d’un chemin de vie.

Il se partage autour de trois axes :
– mon intériorité et mon environnement quotidien par le biais de la peinture abstraite ou de la photographie
– le corps et le mouvement, la liberté du geste, l’interraction avec la pensée ou avec d’autres corps : dessin et performance avec des danseurs et des musiciens
– le monde et ses enjeux actuels : conflits, migrations, géographie, écologie, par le biais de séries intégrant des images, parfois des textes, et d’installations utilisant souvent des matériaux de récupération.

Mon besoin d’être au plus proche de mes états intérieurs m’a mené à l’abstraction. C’est le territoire du geste libre, du lâcher-prise, de l’expression directe : un moyen de traduire en images la nature qui m’entoure, mes inspirations littéraires, et mes rencontres avec d’autres artistes, musiciens ou danseurs.

Mais plus récemment, l’utilisation de la photographie et de l’univers Internet m’ont amenée à faire des séries figuratives plus liées à l’histoire contemporaine.

Le site internet d’LN Le Cheviller

Nos partenaires

Agence culturelle de la Dordogne
Préfet de la région nouvelle aquitaine
Région Nouvelle Aquitaine
Sonart
Ville de Ribérac